En 1856, un chêne, à l’entrée de l’église, remarquable par sa grosseur, est signalé
par Abadie dans son indicateur des Hautes-Pyrénées (p.329). On peut penser qu’il
occupait plus ou moins l’emplacement de la croix sur la photo ci-dessous.
L’instituteur du village écrivait en 1887 : « En fait de curiosités naturelles, il
n’y a qu’un chêne au milieu de la place communale. Cet arbre, qui date du temps d’Henri
IV, et qui fait l’admiration des étrangers, est remarquable par la grosseur de sa
tige (8 mètres de tour) et le périmètre de son branchage (100 mètres environ) ».
Ce chêne a beaucoup souffert de la grêle qui ravagea la contrée le dimanche 25 août
1901, nous précise Norbert Rosapelly en 1918.
Les arbres de la plaine de l’Adour : La société pour la protection des paysages de
France, dans son bulletin du mois de novembre 1917, disait : « Les paysages de France
sont en péril. Ce cri d’alarme mérite de fixer l’attention de tous ceux qui s’intéressent
à la prospérité de la France, plus particulièrement peut-être des Pyrénées. On parle
beaucoup d’attirer les touristes vers notre région. Suffit-il pour cela, de s’occuper
de la montagne et doit-on négliger la belle plaine qui environne la ville de Tarbes
? Un des charmes de cette plaine est la variété de ses aspects, le mélange heureux
des prairies, des arbres, des cultures variées. Un des jolis coins de cette région
est le village de Salles-Adour. Jadis un merveilleux chêne, plusieurs fois centenaire,
ombrageait pittoresquement la place. Est-il mort de vieillesse ? A-t-il été abattu
? Je ne sais. Ce qui est certain, c’est que la place est nue, le chêne n’y est plus.
A lui seul, il méritait qu’on fit une promenade de Tarbes à Salles-Adour. Il reste
encore ans le territoire de la commune de beaux chênes, notamment en bordure d’un
chemin qui traverse la lande par son milieu, une douzaine régulièrement plantés.
Si j’en crois les renseignements que tout me porte à regarder comme absolument certains,
leur existence serait menacée, leur abattage décidé. En vain a-t-on objecté qu’en
dehors du pittoresque effet qu’ils produisent, c’est à leur ombre que, pendant les
chaudes journées d’été, se groupent les pâtres : qu’ils donnent des glands fendus
au profit de la commune, rien n’a modifié la décision prise. Mais en ce moment il
faut toujours espérer, même contre toute espérance, souhaitons que l’arrêt de mort
des chênes de Salles-Adour ne soit pas exécuté, afin qu’à leur ombre les habitants
de la ville de Tarbes, les étrangers qui y séjournent en parcourant les Pyrénées
puissent, au cours de leurs promenades, y trouver un peu d’ombre et de fraîcheur.
Les amis des arbres demandent pour eux un court sursis d’une centaine d’années, sursis
de peu de durée dans la vie d’arbres parmi lesquels les multi-centenaires sont nombreux
quand on les respecte. Peut-être l’opinion publique prévenue, inquiète de voir disparaître
une beauté du paysage de la plaine bigourdane, obtiendra-t-elle ce sursis. J’espère
que votre journal parviendra à ce résultat. Baron d’Auriac (Les Pyrénées, 18 janvier
1918).